Choisir les bons mots

Commettre une bourde à un moment décisif, par exemple lorsque vous êtes en train de conclure une affaire importante, peut vous conduire tout droit à un échec cuisant. Mais n’ayez crainte : quelques connaissances de base vous permettront vite d’éviter de mettre les pieds dans le plat. Nous vous présentons ci-dessous quelques termes et formulations qu’il vaudrait mieux éviter, ainsi que des alternatives plus adéquates.

N’oubliez jamais cette règle de base (même si vous maîtrisez la terminologie) : demandez toujours à la personne si elle est d’accord que vous parliez de sa transidentité ou de son coming-out et, si oui, quand et à qui.

Six formulations fréquemment utilisées …

… qui donnent une vision erronée des personnes trans. Et six alternatives plus respectueuses.

1 – Une femme trans est un homme et un homme trans une femme

« Une femme trans est un homme qui a décidé de vivre en femme » « Ma collègue Sabine Dupont, qui est devenue un homme en 2007 … »: ce type de formulation est à éviter car il donne l’impression que le « vrai » genre de la personne trans est celui qu’elle a reçu à la naissance. C’est l’identité de genre qui compte, et non le sexe attribué à la naissance.

Alternatives :
« Une femme trans est une femme à qui on a attribué le sexe masculin à la naissance en raison de ses caractéristiques corporelles. » / « Mon collègue David Dupont, qui avant sa transition s’appelait Sabine… »

2 – « Avant, elle était un homme / il était une femme »

Ce type de formulation sous-entend que les personnes trans ont « changé de sexe », qu’elles ont d’abord eu un genre, puis un autre. Or les personnes trans ne changent pas de sexe. Elles ne se transforment pas : elles rendent simplement visible l’identité de genre qu’elles ont toujours eue. Elles vivent enfin au grand jour le genre qui a toujours été le leur, depuis leur naissance. Une personne n’est pas trans parce qu’elle passe d’un sexe à l’autre, mais parce qu’elle ne s’est jamais identifiée au sexe qu’on lui a attribué à la naissance.

Alternatives :
« Ma supérieure hiérarchique vivait avant en tant qu’homme. » / « Mon collègue menait autrefois une vie de femme. »

3 – Changement de sexe

Être trans ne signifie pas « se faire opérer pour devenir un homme / une femme ». Cela signifie faire en sorte de pouvoir vivre en accord avec son identité de genre. Certaines personnes trans ont recours à des mesures de réassignation corporelles et d’autres, non.

Alternatives :
transition, réassignation sexuelle, harmonisation

4 – Transsexuel_le

Il est normal d’être tenté_e d’utiliser ce terme, car il est encore très répandu. Il arrive même que certaines personnes trans l’utilisent. Cependant, le mot « transsexuel_le » est problématique à plusieurs égards. Premièrement, il ressemble à « bisexuel_le » ou « hétérosexuel_le » et peut donc conduire à penser que la transidentité est une orientation sexuelle, ce qui est faux. Deuxièmement, le suffixe « sexuel_le » sous-entend que la transidentité se situe au niveau de la sexualité, alors qu’elle se situe au niveau de l’identité. Troisièmement, il s’agit d’un terme médical créé à une époque où on pensait que les personnes trans souffraient de graves troubles de la personnalité. Or on sait aujourd’hui que ce n’est pas le cas. C’est pourquoi l’OMS bannira ce terme de la prochaine édition de sa classification internationale des maladies.

Alternatives :
personne trans (on trouve aussi : personne transgenre, personne transidentitaire, homme trans, femme trans)

5 – « Vivre dans le genre choisi / de son choix / désiré »

Les personnes trans ne choisissent pas leur identité de genre. Pour les personnes trans, comme pour les autres, l’identité de genre est un fait et non un souhait.

Alternative :
« Depuis quelques années, mon chef vit en accord avec son identité de genre. »

6 – « Genre de naissance »

Cette formulation implique que la personne a changé de genre depuis sa naissance. Or, nous l’avons vu, les personnes trans ne changent pas de genre : leur identité est constante depuis le début. Seulement, elle est en contradiction avec le sexe qui leur a été attribué. Affirmer qu’une personne a eu un « genre de naissance » revient à nier le fait que c’est l’identité de genre qui détermine qui elle est vraiment (et non le sexe qu’on lui a assigné).

Alternatives :
« sexe attribué à la naissance » ou « sexe assigné à la naissance »

Vocabulaire respectueux

Le tableau ci-dessous montre les termes à utiliser pour parler avec respect des personnes trans, et ceux qu’il vaut mieux éviter.

 

adéquatà éviter
personne trans, personne transgenre, homme trans / transgenre, femme trans / transgenre, tout terme utilisé par la personne elle-mêmetranssexuel_le, travesti_e / travelo, personne du troisième sexe, shemale
homme cisgenre, Femme cisgenrehomme normal, femme normale, vraie femme, vrai homme
réassignation / réattribution sexuelle, transition, harmonisation corporelle, opération de réassignation sexuellechangement de sexe, transformation, opération de changement de sexe
sexe attribué à la naissance, sexe assigné à la naissance, sexe biologique, sexe génétiquesexe de naissance / d’origine / de départ / de base / d’avant la transition / « vrai sexe »
identité de genre, genre ressentisexe / genre opposé, sexe / genre désiré, sexe / genre choisi, nouveau genre / sexe, autre genre / sexe
formulations, tournures et adjectifs épicènes comme : la personne, l’ado, l’enfant,…formulations, tournures et adjectifs faisant référence au sexe attribué à la naissance, comme « fils » ou « frère » pour une femme trans ou « jeune femme », « voisine », etc. pour un homme trans
« A la naissance, Nicolas s’est vu attribuer le sexe féminin. » / « Sabine est née avec des caractéristiques corporelles masculines. »« Nicolas est né fille. » « Nicolas était à la base une femme. »  /
« Biologiquement, Sabine est un homme. » « Sabine est en fait un homme. » « Sabine est en réalité un homme. »
Prénom correspondant à l’identité de genrePrénom reçu à la naissance

Plusieurs termes ou expressions ne font pas l’unanimité : certaines personnes trans les utilisent alors que d’autres les rejettent. C’est le cas par exemple de « transsexuel_le », « être né_e dans le mauvais corps », « femme-vers-homme / homme-vers-femme ». En cas de doute, demandez simplement à la personne comment elle souhaite que vous parliez d’elle.

Évitez les termes et formulations qui pathologisent la transidentité ou assimilent les personnes trans à des personnes malades, comme « trouble de l’identité de genre », « souffrir de transidentité », « patient_e », etc. Beaucoup de personnes trans sont heureuses et épanouies : montrez aussi cet aspect !

Évitez de chercher dans les personnes trans des stéréotypes de la masculinité ou de la féminité : les femmes trans ne s’intéressent pas qu’au maquillage et au shopping ; les hommes trans ne parlent pas que de football et de voitures. Une personne trans ne se résume pas à son identité de genre.

En bref

Pour parler avec respect des personnes trans, il vous suffit de connaître deux règles très simples :

1 – évitez toute formulation sous-entendant que le « vrai » sexe de la personne est celui qu’elle a reçu à la naissance ;

2 – évitez toute tournure impliquant qu’une personne trans a changé de sexe ou choisi de vivre dans un autre genre (même s’il arrive parfois que l’identité de genre d’une personne trans évolue avec le temps).

Rappelez-vous aussi que la plupart des personnes trans mènent une existence parfaitement banale – comme n’importe qui !